Le bonheur est dans la prairie de fauche !
La prairie – monde
Les prairies de fauche sont des paysages semi-naturels façonnés par l’homme. N’en déplaise aux débroussailleurs de tous poils, elles sont pourtant le lieu d’une biodiversité remarquable ! Le photographe pourra alors remplir sa carte de stockage numérique, sans qu’il lui soit nécessaire de rejoindre les hauts lieux encombrés de la photographie de nature. Là, dans les Alpes, de vastes petits mondes s’étendent à nos pieds !
Des prés en altitude…
Les prairies d’altitude constituent en effet l’univers des « herbes » folles, où les épis, corolles, et larges ombelles s’étalent devant le promeneur, sans aucun obstacle pour entraver la lente progression dans un milieu entouré de vallons et de crêtes. Riches en fourrage de qualité, et fauchées dès le début de l’été, ces prairies sont la source d’une réserve de foin vitale pour le bétail en hiver.
Les prairies de fauche sont des milieux ouverts très accueillants pour la flore de montagne, et les insectes qui recherchent la lumière et la chaleur du soleil. D’ailleurs dès le retour de l’été, ces prairies redeviennent, année après année, la scène d’une activité végétale et animale presque excessive, tant nos sens sont sollicités par le foisonnement de la vie qui s’y active.
La richesse en fleurs permet en effet à un grand nombre d’insectes de s’y multiplier : coléoptères, abeilles, mouches et bourdons, sauterelles et criquets, papillons virevoltants trouvent de quoi vivre dans le couvert des hautes herbes. On s’y croirait comme dans un autre monde, une grande cité active entre les gratte-ciels des herbes !
Un lieu idéal pour la photographie rapprochée
Ces prairies-monde sont donc un cadre idéal pour la prise de vue rapprochée. On peut rapidement y trouver un sujet, pour de la macrophotographie à quelques cm, ou de la proxy-photographie à quelques décimètres, ce qui permet dans ce dernier cas d’ajouter au sujet lui-même, en arrière-plan, un imposant paysages de montagne.
Du mercantour aux Dolomites…
Les prairies de fauche ne sont jamais loin des pelouses sèches et des alpages. On les trouve sans difficulté sur des pentes peu escarpées, placées dans des fonds de vallées de l’arc alpin, du Mercantour jusqu’aux Dolomites. Ces prairies font partie intégrante de paysages aux versants composés de terrasses et de murets, de chemins et de clapiers, de bocages et de haies de mélèzes, et parfois jusque dans les fonds de vallée.
La prairie-monde…
Nous voilà donc dans cette prairie-monde : un kaléidoscope de couleurs mis en musique par les criquets. Doit-on partir en billebaude, debout, ou même à genoux, en laissant la chance nous sourire par quelque surprise consentante ? Ou devons-nous quêter une seule espèce, digne pour nous seul d’un plus grand intérêt, pour ses couleurs ou son comportement ?
Entre les graminées, le sainfoin, les campanules, la sauge, les salsifis, le cumin, les scabieuses et les centaurées, s’activent les araignées thomises, les cétoines et clairons, les syrphes et bombyles, les abeilles et bourdons, les papillons, sauterelles et miramelles.
Mais où donc donner de la tête ?
La course du soleil…
Le matin, quand le soleil perce, et le soir, avant qu’il ne disparaisse, avec leurs lumières à ras, changeantes et teintées de rouge et d’orange, sont les meilleurs moments pour photographier les petits sujets. Cette lumière-là est un atout, il en sort de la magie, et il faut la capter en dehors des heures du grand jour… et ainsi se lever tôt, et se coucher tard !
Le monde des voltigeurs et des lilliputiens….
Lorsque la lumière est au zénith, profitez de votre retour pour rechercher vos sujets de prédilection – papillons voltigeurs, phares des fleurs, ascalaphes ainsi que des hélicoptères – car ils seront de nouveau là lorsque le champ de votre viseur n’aura plus le tournis. A moins que vous préféreriez plonger dans les profondeurs des herbes et ainsi entrer dans cette prairie-monde des lilliputiens, là où d’autres perspectives vous attendent, sous le grand ciel mouvant des épis et des corolles.
Un œil entrouvert sur votre mètre carré, là où mouches et criquets, petites guêpes et araignées s’activent à l’abri des hautes tiges.
Bien sûr, macrophotographie et proxy-photographie sont toutes deux indiquées pour ces petits sujets – et ces grands moments ! – mais rien n’empêche d’utiliser le grand-angle pour leur donner un aspect plus vertigineux face à la montagne et son ciel.
Des milliers de corolles en fleurs…
Les prairies de fauche sont au maximum de leur activité au début de l’été, lorsque les insectes s’activent autour des milliers de corolles en fleurs (Campanules, Knauties, Centaurées…). C’est à ce moment que l’on prend plaisir à batifoler dans les herbes jusqu’aux hanches.
Oui, la prairie, comme tout autre monde, est habitée par la concurrence pour l’accès à l’espace et aux ressources : l’eau, la terre, le soleil !
Le matin et le soir, vous éviterez aussi les mouvements de l’air, grands ennemis devant l’éternel faiseur d’images : ils s’amusent à faire bouger vos sujets comme sur une immense balançoire ! Ce qui est pour vous une brise est une vraie tempête dans la prairie !
Et lorsque dans le pré, tout vous est favorable, ce n’est plus qu’un monde bourdonnant pour le nectar d’un immense parterre de fleurs sauvages.
Heureux le photographe qui s’y trouve à genoux, en simple dévot de la nature !
Les prairies de fauche, un milieu menacé…
Cependant, n’oublions pas les menaces qui pèsent sur ces petits édens. Ces paysages semi-naturels façonnés depuis longtemps par la culture pastorale de l’homme doivent faire face à une pression touristique grandissante, à l’abandon de pratiques agricoles traditionnelles.
…Pour que ces mondes dans l’entre-deux des hivers continuent à nous émerveiller l’été par leurs vies d’exubérance !
Vous pouvez aussi consulter la galerie consacrée à ce milieu.